[Jael] Six slips chics

Il s'écoulât trois jours avant que Jael ne se réveillasse.

Il était allongé, sur le dos, dans un lit à peu près blanc relativement confortable avec assez peu de puces. Du bout du drap trop court dépassaient ses pieds, s'agitant gaiement, orteils au vent.

- Ah ! Tu est éveillé !
- Gramblblblu.
- Reste calme, ne te force pas à parler, je vais chercher notre hôte.
- Gromtublvebl.

Galden passa la porte. Jael percevait d'indistincts bruits de conversations provenant de l'autre salle mais ne parvenait pas à se concentrer dessus.
Il faut dire qu'il avait pour le moment un autre sujet de préoccupation; à savoir le terrible mal de crâne qui, tel un troupeau d'éléphants borgnes, écrasait son petit ciboulot. Pour la première fois, il se réjouissait de ne pas avoir un cerveau plus gros et d'en endurer la souffrance subséquente.
Il lui était impossible de se concentrer sur un sujet particulier tant la douleur lui vrillait le crâne.

Tout à coup, la douleur cessa. Comme ça, en un instant, il se sentit mieux. Le monde reprenait des couleurs, les idées fusaient à nouveau à travers son encéphale atrophié.

* Chalut ! *
- Hein ? Qui est là ?
* Ch'est moi ! *
- Chez qui ?
* Non, che veux dire que ch'est moi qui chuis moi même chi on est bien chez choi. *
- Quoi ?

C'est à ce moment que Galden revint dans la pièce, accompagné d'un grande femme à l'air aimable vêtue de guenilles multicolores.

* Elle est plutôt cholie... *
- Hein ? Quoi ? De qui ?
- Ah ! Les présentations ont commencé !
- Quelles présentations ? Vous êtes qui ?
* Je chuis moi ! *
- Jael ! Soit respectueux ! Dame Rêtïhzz est notre hôte. C'est elle qui t'a soigné. Tu n'est pas mort !
- Oh, c'est si peu de choses.
* Et modechte avec cha ! *
- Hum... Euh... Merci alors.
* Pas très clache. Tu chais pas dire un truc pluch chenchuel ? *
- Raaah ! Mais tais toi !
* Ch'est pas chimpa cha ! Le chilenche ne me chied point. *
- Calmez vous, Jael. Tout va bien.
- Mais non ça va pas ! Ya une voix dans ma tête !
* Ch'est moi ! *
- Je le sais que c'est toi !
- Restez tranquile, ce n'est que le chichauchiche.
- Hein ?
* Le Chichauchiche. *
- Le Chichauchiche.
- Le Chichauchiche.
- Le Chichauchiche ?
* Ch'est moi ! *
- MAIS FERME LÀ !
* Tchhh ! Ch'est pas une chinécure d'rechter chez toi ! *

Galden avait attrapé Jael par les épaules avant de le plaquer fortement contre le lit.
- Jael !
- Galden !

Les deux hommes se fixèrent un court instant puis Jael se relâcha.
* Brrrr... Cha fait peur ! *
- Mais il se passe quoi, **** de **** de ***** de ****** par ****** avec ***** ou ***** sans ***** ?
- Le venin menaçait de vous tuer.
- Le venin ? Ah oui ! Je me rappelle.

Avec une facilité étonnante, tous les évènements lui étaient revenus en mémoire, depuis son arrivée dans l'archipel à son éjection par la catapulte de la tour Krikflew.

- Il fallait agir vite.
- Le seul moyen de vous sauver était le chichauchiche.
- Le quoi ?
* Le Chichauchiche. *
- Le Chichauchiche.
- Le Chichauchiche.
- Le Chichauchiche ?
* Ch'est moi ! *
- Oui mais c'est quoi ?
- On s'en fout ! Tu est en vie, non ?
- Non, on s'en fout pas, j'ai une **** de **** avec ***** sans ***** par **** de voix dans ma tête !
- Le Chichauchiche est un symbiote amical vivant en harmonie avec son hôte et réputé pour ses facultés d'amélioration des possibilités physiques et morales de du corps qu'il habite.
- Hein ?
- Pour empêcher le poison de vous tuer, il a fallu vous implanter un parasite capable de vous soigner de l'intérieur. C'est le chichauchiche.
* Ch'est moi ! *
- Un parasite !?
- Un symbiote pour être précise. Il vous a soigné et tente en ce moment même de rentrer en contact avec vous.
- Un parasite ?!
- Oui, le chichauchiche.
- Comment on l'enlève ?
- Quoi ?
- Quoi ?
* Quoi ? *
- Ben... C'est un parasite, alors il va me ressortir par l'estomac après m'avoir dévoré de l'intérieur, non ? En réduisant mes boyeayx en charpie avant de dissoudre mes organes internes avec sa bave corrosive, me promettant un mort longue et douloureuse ?
- WAHAHAHAHAHAHA !
* Bonne idée ! *
- QUOI ??? NON !!!
- Calmez vous Jael, le chichauchiche est votre ami, il ne veut que votre bien...
- Jusqu'à ce qu'il me tue en répendant mes tripes sur le sol ? Et pourquoi il me parle ? Hein, sale parasite, tu veux quoi ?
* Ch'est pas comme chi j'avais le choix... *
- Il ne va pas vous tuer, Jael. Il ne veut que vous aider. Il purifie votre corps et améliore vos facultés, tant physiques que mentales.
* Et ch'est pas du luxche... *
- Alors je vais vivre ? Pour de vrai ? Et il part comment ?

Dame Rêtïhzz et Galden échangèrent un regard lourd de sous entendus.

- Eh bien...
- ... En fait...
- ...C'est que...
- ...On peut pas.
- QUOI ??? Je vais vivre toute ma vie avec ce truc dans le ventre ?
- En fait, il n'est pas dans votre ventre, vous savez...
* Tout juchte ! *
- Tu sais, tu n'as pas de raison de l'enlever, il va juste te rendre plus fort et plus intelligent... et tu en as besoin...
- Ah ouais ? Si c'est si génial, pourquoi tout le monde en a pas ?
- Eh bien...
- ... En fait...
- ...C'est que...
- ... La présence intrusive du chichauchiche dans la conscience rebute la plupart des gens.
- Je confirme.
- Noooooon !
* Chois optimichte ! *

(HRP: Excuse moi du retard :-) )

Cela faisait déjà une bonne quinzaine de jours que Jael et Galden logeaient chez Dame Rêtïhzz, celle-ci ayant retardé leur départ sous prétexte du bon rétablissement de Jael. Celui-ci, après plusieurs jours de sommeil et de multiples crises de nerf parvenait enfin, de temps à autre (et lorsqu'il était de bonne humeur), à vaguement supporter son nouveau camarade.

- MAIS TA GUEULE !
* Allez, Jaelichou, ne chois pas chi inflekchible. Je chais que cha te chéduit auchi che genre de choches. *

Jael fendit la bûche qui lui faisait face avec hargne. Il avait été chargé par Françoise (puisque c'est ainsi qu'elle s'appelait) d'aller débiter du bois pour préparer la venue d'un hiver qui serait, selon elle, "des plus rudes".
Depuis qu'il était ici, ce genre de travaux physiques lui paraissaient bien moins éprouvants qu'auparavant. Il savait que cela était dû aux vertus du chichauchiche mais refusait de l'admettre, par pure fierté; bien que, conformément à ce que Galden affirmait, cela frisait le ridicule.

- Fous moi la paix ! Je chuis... euh suis capable de réfléchir tout seul !
* Chi tu veux mais... Oh chaperlipopette ! Pouche toi ! *
- Hein ?
* Chaute ! *

En un réflexe soudain, il fit un bond de côté, juste à temps pour esquiver un projectile verdâtre qui vint s'enfoncer plusieurs centimètres dans le sol, à l'endroit même où Jael se trouvait l'instant précédent. L'objet rebondit avec force en direction de la masure de Dame Rêtïhzz. Alors que Jael craignait de voir le toit détruit par l'impact, la chose tomba, par chance, dans la large cheminée coiffant le bâtiment.

- C'était quoi ça ?
* Chuper ! De l'akchion ! Alons voir cha ! *

Jael se précipita dans la maison, d'où s'élevait déjà un long hurlement de stupeur.

(HRP: Le "projectile" et moi nous sommes arrangés IRL pour le regroupement des deux histoires. Il passe en JDR sous ma responsabilité.)

[hrp] Kéko dit la vérité. On s'est arrangés comme ça pour que ce soit plus simple pour nous, comme on a pas souvent l'occasion de poster ici. [/hrp]

Gnon avait lutté pendant plusieurs heures contre la fureur des éléments avant de lâcher prise, trop épuisé pour continuer à esquiver avec sa divine grâce les divers déchets tourbillonnant dans les airs. Il ne fallut pas longtemps pour qu'un tronc impromptu ne vienne le percuter, ce qui l'éjecta du cyclone à vive allure...

Il fendait les cieux tel un majestueux rapace anémique lorsqu'il remarqua que le sol avait une fâcheuse tendance à se rapprocher de sa sainte personne. Cela était consternant : pourquoi ne pouvait-il pas planer paisiblement sans qu'une surface plane ne se jette sur lui ? C'était d'une impolitesse notoire et il se promit de rectifier le malotru dès que possible. En attendant, il se prépara du mieux qu'il pût à l'impact, contractant sa gelée et tentant de se faire le plus résistant possible, ce qui était relativement difficile, au vu de sa composition.

L'atterrissage fût aussi rude que bref : après la soudaine compression subséquente au choc, la détente de sa molle musculature le renvoya derechef à travers les airs, cette fois ci vers un énorme bâtiment biscornu qu'il n'eût que le temps d'apercevoir avant de s'y engouffrer tel un Krepuok dans une Hulfiue.

Gnon se trouvait à l'envers. Cette position n'étant pas digne de sa magnificence, il se redressa, envoyant une gerbe de cendres voler à l'intérieur de la pièce où il se trouvait. Aussitôt, une grande femme maigrichonne se mit à hurler, se précipitant pour balayer les cendres couvrant son "précieux tapis Kloogfan".

En un majestueux ébrouement, Gnon se débarrassa de la fine pellicule de poussière le recouvrant et sauta en un divin bond jusque sur le plancher de la maison... si tant est que l'on puisse la qualifier ainsi : le bâtiment ressemblait plutôt à un assemblage branlant de bric et de broc ou s'entassaient chaudrons, bocaux, alligators empaillés, cuillères à confitures et napperons de dentelle. Au milieu du désordre se trouvaient un homme plutôt quelconque, bouche bée, ainsi que la ménagère, toujours affairée au nettoyage de son "tapisohmondieuçanepartirajamaiscesthorriblecommentvaisjefairecestuneéditionlimitéejenepourraisjamaisentrouverunautrepareilohmondieu".
Bientôt, un autre individu entra. Gnon le reconnût aussitôt : Hazardi l'avait déjà croisé lorsqu'elle était à bord de l'USM Comète. La mémoire de celle-ci lui indiquait qu'il s'agissait d'un militaire ou quelque chose du genre. Il lui parût alors judicieux de reprendre l'apparence de son ancienne compagne afin de pouvoir communiquer plus aisément avec le nouveau venu.

Le Gnon se transforma à nouveau, ce qui finit de décrocher la mâchoire de Galden de son crâne...