Des airs de prison

Le vaste océan de sable n’avait aucune limite. Damiane s’efforçait d’observer l’horizon, les yeux plissés, les sourcils froncés, afin de trouver ne serait ce qu’un indice d’une éventuelle habitation. Mais cette infinie prison ne révélait aucune sortie. Que faire ? Où aller ? Sa montre n’avait pas tenu le choc, et les aiguilles de la boussole incorporée à celle-ci tournaient inlassablement dans toutes les directions. Le message de détresse de la balise n’avait peut être même pas était envoyée. N’ayant rien pour s’abriter du soleil, il fallait vite choisir une destination aléatoire en gardant l’espoir d’atteindre rapidement un endroit où ce réfugier. La prise de décision hasardeuse n’est pas réellement une méthode scientifique et quelque soit son niveau de réflexion, cela ne changerait rien à son sort. C’est bien dans ce genre de situation que Damiane perdait ses moyens. Il resta ainsi de longues minutes, à réfléchir inutilement. Puis finalement résigné, il se mit à marcher. Pour le moment, son but n’était pas de retrouver de quelconques survivants, ni même de comprendre ce qu’on lui avait fait lorsqu’il avait perdu connaissance, mais juste de survivre.

Damiane marcha sans s’arrêter, sans doute des heures. Toutes les dunes se ressemblaient, le vent effaçait ses traces de pas, ne lui offrant même pas la chance de voir le chemin déjà parcouru. Avait-il réellement avancé ? Jusqu’où s’étendait encore ce désert ? La chaleur l’accablait et il se surprenait à ne pas avoir déjà succombé à l’oppression du soleil. Mais bien plus hostile encore, la faim le dévorait. Il pouvait même ressentir ses entrailles se nouer d’appétit. De plus, il ressentait une étrange sensation. Comme si son « bras » gauche avait lui aussi faim. S’agissait-il d’une sorte d’organisme parasite ou juste d’une hallucination due aux circonstances ? Quoi qu’il en soit, les jambes de Damiane semblaient de plus en plus lourdes. Sa marche ralentit et sa respiration devenait difficile.
« La nuit est sera plus froide. Il faut que je tienne jusqu’au couché du soleil. »
pensa-t-il. Soudain il entendit un énorme bruit sourd. Il se retourna et vit un nuage de sable se diriger vers lui. Il s’agissait d’une caravane, traversant sans doute le désert. Enfin un signe de civilisation se présentait à lui. Mais le sourire fit vite place à une grimace indescriptible alors que la troupe devenait de plus en plus distincte. Le bruit sourd n’était autre que le hurlement d’immenses créatures à la peau rougeâtre. Les deux terrifiantes canines inférieures, se dressant hors de leurs bouches, semblaient capable de déchiqueter la chaire de n’importe quelle être, et sûrement même de mettre en charpie beaucoup d’autre chose. Certains tiraient d’imposantes roulottes à la force de leurs bras, tandis que les autres fusaient vers l’infortuné égaré. Damiane aurait voulu fuir mais ses forces étaient amoindries et la vitesse de ses colosses ne laissait aucun doute sur le résultat de la course poursuite. Il fallait négocier, c’était sa seule solution. Dès qu’il fut assez proche, il tenta :
« Je vous salue habitant de ce désert. Je suis l’inspecteur Laskeey de l’USM-Comète. J’ai atterri accidentellement sur votre planète et je …
- MOOOOOOOOORKK !!!!! »
* BRAAF *
D’un coup de poing au ventre, la plus proche des créatures fit se plier Damiane. Puis il se retourna.
« Kramro tru fegawashl ! beugla-t-il »
Il devait être le chef. Un des monstres auquel il semblait s’adresser ramassa l’effondré et le jeta sur son épaule. Damiane ne se défendis pas. S’il réussissait à s’échapper, il ne pourrait pas survivre au désert. Autant être prisonnier un temps avant de s’enfuir.