[Gnon & Hazardi] Orage, eau des espoirs

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L'averse martelait la plaine sans pitié aucune, noyant les terriers sous une eau lourde et pesante, lavant les rochers de la poussière rougeâtre s'y étant accumulée et les érodant peu à peu.
Le grondement incessant produit par les innombrables chocs des gouttes sur le sol auquel s'ajoutait un tonnerre menaçant ne facilitait pas la conversation entre Jèttiâ et Hazardi. Cette dernière devait crier pour se faire entendre :

- Où va-t-on ?
- QUOI ?
- OÙ VA-T-ON ?
- Pas la peine de crier !
- QUOI ?

Voyant que la discussion s'annonçait difficile, elles stoppèrent leur monture et s'abritèrent sous un rocher en surplomb.

- Nous avons plusieurs possibilités : Tout d'abord, nous pouvons aller au nord, contourner le golfe de Tabb, atteindre la péninsule Merfoise puis embarquer pour Odaskina. Il est également possible de passer l'isthme de Tsuitabb, à l'ouest, puis trouver un port sur la côte sud duquel nous pourrons partir en direction de Skalikina. Enfin, on peut traverser tout le Grand Archipel vers Datrekina mais je ne te cache pas que je préfèrerais éviter afin de ne pas avoir à à nouveau faire face à l'équipage qui me recherche...
- Comment tu sais tout ça ?
- Je l'ai hum... emprunté à un marin.
- Je ne connais pas assez bien ce monde pour choisir un chemin plutôt qu'un autre...
- D'après la manière dont ton vaisseau s'est écrasé sur cette planète, je pense que tu devrais trouver plus de survivants du côté de Datrekina.
- Comment tu sais pour le vaisseau ?
- Hum... Euh... Alors Datrekina ?
- Tu as dit que tu ne voulais pas retraverser le Grand Archipel.
-On peut passer par Skalikina puis prendre vers l'ouest. Ça te dit ?

Le Gnon sortit une carte pour expliciter ses propos.

Jèttiâ devait forcer la voix pour se faire entendre par delà le mugissement grandissant du vent fouettant la plaine de ses sèches et rudes bourrasques.

- Je ... JE SYNTHÉTI... JE SYNTH...
- QUOI ?

Le grondement se faisait assourdissant, couvrant jusqu'au tonnerre rageant au loin.
Les deux jeunes femmes se serraient l'une contre l'autre lorsque la roche les abritant se mit à vibrer violemment.

Hazardi tentait de hurler quelque chose à Jèttia mais celle ci ne parvenait pas à saisir le sens de ses cris, couverts qu'ils étaient par l'omniprésent rugissement des rafales venant percuter leur abri de fortune.
Tout à coup, leur celui-ci s'envola, rejoignant une nuée de branchages tourbillonnant follement dans les airs.

Avant même que les deux compagnes ne puissent saisir un point d'ancrage quel qu'il soit, le cyclone les souleva du sol pour les entrainer dans la folle danse que menaient déjà des monceaux de débris divers tournoyant joyeusement dans l'immense tornade.

S'agrippant follement l'une à l'autre, Hazardi et Jèttiâ tentaient vainement de se protéger de la fureur des éléments se déchainant sur elles.

Soudain, Jèttiâ aperçut un tronc d'arbre pirouettant sauvagement en leur direction. Aussitôt, elle calcula que dans approximativement 1,618033 secondes, celui-ci allait heurter la tête de sa camarade d'infortune.
Sans plus hésiter, elle fit pivoter leur duo d'un brusque coup de hanche. Un instant plus tard, elle sentit l'objet infernal lui percuter l'occiput avec une violence inouïe.
Elle se sentit lâcher Hazardi alors qu'elle s'évanouissait, l'apercevant s'envoler au loin avant de sombrer dans l'inconscience.

Le Gnon virevoltait à travers les airs, emporté au loin, voire plus encore...

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